Notre approche du Tango

Notre approche du Tango

Pour nous, donner des cours de tango, c’est développer la capacité des élèves à sentir ce qui se passe à l’intérieur. Ne pas faire cette différence dans les cours, c’est laisser se développer un mélange des genres qui aboutit à la situation de nombreux bals perturbés par des danseurs d’un tango extérieur. Le paradoxe – apparent – , c’est que plus un tanguero dirige son intention dans la relation avec sa partenaire plus il sera capable de s’intégrer sur la piste de manière harmonieuse. Cela se comprend aisément : prenant la mesure de sa responsabilité envers sa partenaire, il prendra davantage en compte les éléments de son environnement dans la construction de ses déplacements.

En guise d'introduction

Nous avons commencé à apprendre le tango argentin en France, essentiellement avec des professeurs argentins et quelques français et françaises ayant étudié intensément à Buenos Aires.
Puis nous sommes allés régulièrement danser dans les milongas de Buenos Aires, pratiquement chaque année depuis 2004. C’est là que notre rencontre passionnée et enthousiaste avec le tango argentin est devenu un lien profond. Notre approche du tango est l’expression de la relation vivante avec la danse de Buenos Aires et ses danseurs et danseuses.
(Dans les lignes suivantes, nous avons repris des idées déjà formulées dans d’autres pages, en cherchant à les synthétiser et à les enrichir de considérations complémentaires.)

« El abrazo como un encuentro y no como una postura »

(citation de Justo Antonio Chacana)

En tant que danse, le tango argentin peut se caractériser comme une danse de couple où les partenaires se tiennent face à face enlacés, et parcourent la piste dans le sens anti-horaire, en se déplaçant en file parmi les autres couples au rythme de la musique de tango argentin.
On pourra donc dire qu’enseigner le tango, ce sera montrer comment marcher enlacés de façon simple puis de plus en plus élaborée, comment sentir le rythme de la musique et comment évoluer dans l’espace du bal avec les autres couples.
Dans l’approche la plus courante, les professeurs se contentent de développer des séquences de pas présentées arbitrairement, qu’il font répéter aux élèves jusqu’à ce que ceux-ci en assimilent plus ou moins le déroulement. C’est la transposition au tango argentin de l’enseignement habituel des danses de couples. C’est aussi en grande partie l’approche traditionnelle du tango.
A ceci près que l’élève (dans le rôle de l’homme) qui prend un cours avec un vieux danseur argentin et qui croit reproduire fidèlement la séquence de pas que celui-ci lui a montrée est souvent mis dans une situation incompréhensible. En effet le maître ne cesse de lui répéter : « non, ce n’est pas ça ! » C’est que le maître s’intéresse à la manière de faire les pas, plus qu’aux pas eux-mêmes.
Et là intervient une autre difficulté pour le novice. Il ne s’agit pas d’une affaire de style, de forme, mais de ce qui est en jeu dans la danse. Et c’est là que ça devient intéressant…
Nous devons maintenant faire un petit retour en arrière.

L'histoire du tango argentin

Le contexte social dans lequel le tango argentin se constitue, entre la fin du 19ème et le début du 20ème siècle, est celui d’une immigration massive. A Buenos Aires, il y a dix fois plus d’hommes que de femmes, et la disproportion se fera sentir jusqu’aux années 40. On comprend aisément combien le talent de danseur peut être valorisé dans une société où les femmes sont en petit nombre et où la danse de couple tient une place éminente. Les hommes vont donc travailler leur technique entre eux, de façon à pouvoir faire danser des femmes qui n’auront pas besoin de compter sur autre chose que leur talents naturels. (Les Academias (écoles) de tango ne s’ouvriront aux femmes qu’après l’âge d’or, dans les années soixante.) En dansant ensemble, les hommes vont comprendre ce que c’est qu’une danse agréable pour la femme, une danse qui amène celle-ci à accompagner les mouvements de son partenaire « naturellement ».
Cette compréhension fine de la relation entre partenaires est l’essence même du talent d’un bon danseur, quelle que soit la danse qu’il pratique. Mais le plus souvent, elle reste intuitive. Les danseurs de tango l’ont portée, par leur recherches empiriques, au rang d’un art transmissible.
L’incompréhension du débutant dans son cours avec un maître commence à se résoudre quand il a la chance que le maître le prenne dans ses bras pour le faire danser dans la position de la femme. Il fait alors lui-même connaissance avec l’abrazo (enlacement), et peut entrer vraiment dans la danse.
Si tout se passe bien, notre débutant se rendra compte que la relation qui s’établit entre les partenaires à travers l’abrazo, quelle que soit la forme de celui-ci, naît d’une organisation corporelle qui se met en place dans la marche. C’est une organisation dynamique, elle est au service du déplacement du couple, au service de la danse. C’est pour cela que le travail de la marche a toujours été considéré comme le plus important, qu’il constitue le fondement de la danse, toujours a améliorer et perfectionner. Et selon le précepte bien connu du tango, il faut exécuter les figures “caminando”, c’est-à-dire en marchant, en maintenant l’organisation spécifique de la marche de tango, celle qui permet de maintenir l’abrazo tel qu’il doit être.
A cette organisation corporelle chez l’homme, ou la personne qui en tient le rôle, répond la même organisation corporelle chez la femme (ou la personne etc.). C’est cette disposition corporelle commune qui permettra à l’un d’être clair dans ses actions de danse, à l’autre d’accompagner celles-ci, d’y répondre, naturellement. On est très loin d’une relation où l’un impose ses mouvements et l’autre « suit » passivement. Rien de moins machiste qu’un bon danseur de tango, en tout cas dans la danse…
L’histoire du tango et de sa transmission nous éclaire aussi sur d’autres aspects sociaux. Après être passé à ses débuts par une phase dans laquelle il était considéré sans doute comme une danse des faubourgs, mal vue par les bourgeois sauf comme une façon de s’encanailler, il est devenu plus tard la culture populaire par excellence. C’était le rendez-vous familial ou amical des fins de semaine, et la façon de socialiser. Il s’est intégré à la vie de chaque quartier. Apprendre à danser pour les jeunes garçons avait quelque chose à voir avec une initiation pour entrer dans le monde des adultes. On apprenait à respecter des usages et des codes de conduite autour de la piste aussi bien que dans la danse. Et des “cuidapistas” faisaient respecter ces convenances. On admirait les bons danseurs, qu’on copiait en secret parce qu’il n’était pas question d’imiter qui que ce soit. On mettait son honneur à développer son propre style, tout en s’intégrant dans cette société. De même les bonnes danseuses se faisaient remarquer et l’art du danseur était de les faire briller : « Si tu veux être le roi de la piste, il faut que tu fasses de ta partenaire une reine. »
Les années soixante marque une période paradoxale pour le tango. Il subit la concurrence des autres rythmes ainsi que les changements sociaux et politiques. On continue à le danser mais les jeunes s’y intéressent moins. Le nombre de milongas diminue, il n’y a presque plus d’orchestres actifs. Par contre les danseuses commencent à fréquenter les Practicas et à jouer un rôle plus actif dans la danse. Et le tango de scène commence à devenir un genre en soi, une possibilité de professionnalisation pour quelques passionnés.
La danse va connaître une renaissance incroyable, inespérée, à partir d’un événement ponctuel, résultant lui-même de beaucoup de facteurs. En 1983 des producteurs argentins décident, dans l’atmosphère de libération qui suit la chute de la junte, de présenter un spectacle de tango à Paris, au festival d’automne du Châtelet. Le succès est foudroyant et se prolonge à Londres, Berlin puis New-York. Les étrangers viennent à Buenos Aires à la recherche de professeurs, qui… n’existent pas ! Mais la rencontre avec les danseurs « survivants » auxquels se mêlent une poignée de jeunes va permettre au tango de connaître une nouvelle vie.
Le tango que nous dansons aujourd’hui s’est constitué essentiellement dans les années quarante et cinquante. Il nous a été transmis par quelques anciens qui ont joué le rôle de passerelle avec le temps de leur jeunesse, et par cette très peu nombreuse génération de danseurs et danseuses qui avaient moins de vingt ans dans les années quatre-vingt et qui ont pu s’imprégner de l’esprit de ce tango.

Comment faire entrer les élèves dans cette histoire

« El tango es caminar abrazado con elegancia y compas. »
« el tango es libre y se baila como uno lo siente. »
(Le tango, c’est marcher enlacés avec élégance et rythme)
(Le tango est libre, chacun le danse comme il le sent)

Les danseurs évoluent entre ces deux préceptes complémentaires qui synthétisent, pourrait-on dire, une vision extérieure et une vision intérieure.
Marcher ensemble dans la musique avec élégance. On veut sentir la musique ensemble à travers les mouvements de la danse. Dans l’élégance, on peut voir plus que la prestance. C’est une harmonie qui provient d’un placement juste, d’un accord avec la musique, d’une relation bien sentie avec le/la partenaire. Et avec les autres couples de danse dans le bal. La liberté sera d’autant plus grande que nous comprendrons de quoi est faite notre danse.
Dés lors, le programme se dessine. Prendre tout de suite contact avec la musique, pour ressentir le rythme et ses variations. Tout de suite aussi mettre sa marche dans la musique, comprendre ce que cela signifie, de plus en plus clairement, de plus en plus profondément. Et sans attendre bien sûr, faire tout cela avec un/une partenaire, entrer tout de suite dans l’irréductible mystère de l’abrazo.
On va donc explorer nos capacités à ressentir, reconnaître ce qu’on possède comme potentiel, souvent insoupçonné, développer nos capacités musicales, sensibles, relationnelles.
L’année de cours débutants est une année de découverte de l’univers du tango argentin. On fait connaissance avec la musique à travers les orchestres les plus représentatifs. On découvre aussi que l’univers du tango comporte en fait trois rythmes auxquelles correspondent des danses qui se différencient légèrement l’une de l’autre. Au tango au sens strict s’ajoute la valse argentine que les argentins appellent vals criollo, et la milonga, un 2/4 plus rapide et plus enjoué que le tango, qui est un 4/4. On se familiarise avec les éléments fondamentaux de la marche et de la construction de l’abrazo, à travers les mouvements de base qui permettront de mettre en place les déplacements du bal. On expérimente ce que cela signifie de construire des figures à partir de la marche. On aborde également parce que cela fait partie intégrante de la danse les usages à respecter en entrant sur la piste, pendant la danse et après.
Les cours intermédiaires 1 et 2 permettront d’approfondir tous ces éléments fondamentaux pour construire tous les mouvements de base du bal qui donnent une liberté d’improvisation et de circulation.
Les cours avancés seront l’occasion d’entrer plus en profondeur dans la construction de la danse. Cela passera encore par un travail sur les fondamentaux, et on découvrira qu’on n’a jamais fini ce travail ! On apprend toujours plus sur la marche, la relation entre les partenaires, comment faire entrer la musique toujours plus intensément dans l’abrazo…

La progression dans les cours de tango argentin

Cours Tango Argentin Paris Leah et Jean-Philippe Le bal est avec l’abrazo la vérité du tango argentin. Les structures de bases du déplacement dans le bal qui sont enseignées d’abord constituent le socle à partir duquel on pourra développer sa danse dans plusieurs directions: le jeu avec la musique, l’aisance dans le déplacement, le raffinement du mouvement. La progression suit la logique de tous les apprentissages : phases de complexification et phases de simplification. Petit à petit, on s’approprie ce qui a été enseigné, on le transforme. Ainsi apparaît le style personnel qui est la marque de la maturité dans le tango argentin comme ailleurs.

Après les cours

Le complément logique des cours, pour ceux qui désirent vraiment profiter pleinement de ce qu’ils apprennent, c’est la Pratique Dirigée. C’est là qu’ils pourront, librement, s’exercer à reprendre tout ce qu’ils ont vu dans les cours, avec leur partenaire attitré(e) s’ils (elles) en ont une(un), mais aussi avec d’autres, ce qui est très important pour parcourir toute une palette de sensations de connexions différentes.

La Pratique est dite Dirigée quand elle est assurée par des professeurs qui, sans faire cours, peuvent répondre aux questions, apporter des précisions, éventuellement proposer un thème de travail.

La Pratique est le tremplin pour le bal, qui est bien sûr le but véritable. Les débutants pourront mettre plus ou moins de temps avant de se décider à se confronter au monde des danseurs déjà expérimentés. Là, tout est affaire de choix personnel !

Pouvons-nous utiliser vos données pour vous proposer des annonces personnalisées ? Nos partenaires recueilleront ces données et utiliseront des cookies pour mesurer les performances des annonces et les personnaliser. Découvrir comment aspiraterre-france.com et nos 10 partenaires collectent et utilisent ces données - En continuant à utiliser le site, vous acceptez l’utilisation des cookies. Plus d’informations

Les paramètres des cookies sur ce site sont définis sur « accepter les cookies » pour vous offrir la meilleure expérience de navigation possible. Si vous continuez à utiliser ce site sans changer vos paramètres de cookies ou si vous cliquez sur "Accepter" ci-dessous, vous consentez à cela.

Fermer