L’essence du tango selon Olga Besio
Nous traduisons ici un article d’Olga Besio, Maestra exceptionnelle qui vient de nous quitter (30/10/2024), publié en juin 2009 sur 2xtango.com. Le texte en version originale se trouve après le texte français.
Ce qui devrait être bien clair depuis le commencement pour toute personne qui voudrait danser le tango ( ainsi que pour toute personne qui voudrait l’enseigner).
“On me demande très souvent comment on devrait enseigner le tango aux débutants. Et il est probable que chaque professeur se pose cette question mille et un fois, en fonction des élèves avec lesquels il doit commencer ce chemin. Et c’est aussi la mystérieuse énigme pour ceux qui un jour décident de s’approcher pour le première fois de cette danse si complexe en apparence, mais dont les fondements sont si simples et en même temps si chargés de sens.
La réponse à cette question ne pointe pas seulement, selon moi, vers les aspects méthodologiques, et moins encore vers les “contenus” simplement formels comme des pas mathématiques ou de froides manières de marcher ou de tourner.
En effet, essentiellement, fondamentalement qu’est-ce que le tango dansé? Sûrement pas une succession de pas, de figures, de structures, de mouvements. Il y a quelque chose de beaucoup plus profond qui soutient tout cela. Et ce “quelque chose” n’est pas exactement “technique”. Il s’agit d’un facteur beaucoup plus antérieur, primaire et fondamental.
En une énonciation simple, sans prétendre assigner un ordre chronologique ni hiérarchique, nous pourrions dire qu’il s’agit d’une relation naturelle, humaine, intuitive, sensorielle, avec un “autre” humain et un “autre” sonore.
Nous pourrions donc dire aussi qu’en premier lieu nous devrions élaborer, construire ou dévoiler une relation d’unité-dualité avec l’autre personne – le compagnon ou la compagne de danse – , quelqu’un avec qui nous pouvons faire quelque chose d’aussi simple que de nous déplacer ensemble (ce qui parait si souvent difficile) ou déplacer ensemble un objet. (Tout ceci sans distinguer encore les rôles de conduire et suivre, qui devraient être travaillés ensemble simultanément par les deux personnes, afin de parvenir à une compréhension pleine des deux aspects – qui ne sont pas opposés mais absolument complémentaires, puisqu’ils ont besoin l’un de l’autre).
Comment y parvenir? En permettant que mon corps dialogue avec le corps de l’autre personne, que “je lui parle de face”, que “je l’écoute”, que circule une communication aussi simple et naturelle que celle qui circule dans la vie quotidienne quand je fais quelque chose avec quelqu’un ou quand je parle avec quelqu’un, en me plaçant face à cette personne avec tout mon être “face à face”, et pas seulement deux corps mais… mais deux personnes avec âme, sentiments, émotions… et la capacité humaine, divine et animale d’être-avec-l’autre.
Ah, j’oubliais: et l’abrazo? Oui, bien-sûr, le bras dans telle position, la main à une hauteur bien déterminée, l’angle… quelle complication… peut-être je peux le mesurer avec règle, équerre et compas…Hmmm… Et si tout simplement je prends l’autre personne dans mes bras et je fais en sorte qu’elle me prenne dans ses bras? Un abrazo véritable, humain, chaleureux, ferme et doux à la fois…Ensuite je peux lui prendre la main ou permettre qu’il prenne la mienne et … peut-être si je le mesure maintenant je vais trouver un abrazo de tango “correct”! Mes amis, l’abrazo de tango, c’est tout simplement ceci: un abrazo (un embrassement)! Et pas une simple “position de bras” …
Un bon abrazo, c’est quelque chose de naturel, humain, confortable et agréable pour les deux personnes, et il permet d’aborder d’autres aspects de notre sujet: le mouvement, le jeu avec le poids de l’autre personne et avec le sien propre, le fait de faire quelque chose ensemble comme … danser. Comme je l’ai déjà dit dans un autre article, danser est un fait naturel qui naît avec l’être humain Tout ce dont nous traitons ici l’est également. Et tout ce que nous considérons habituellement comme “techniquement nécessaire et correct” n’est ni plus ni moins qu’une conséquence de quelque chose qui dans son origine est absolument naturel. Danser, c’est un fait naturel. Alors, évitons les stéréotypes.
Oh, je crois qu’il manque encore quelque chose. Le dialogue est, par définition, “ à deux”. Mais dans le cas du tango (peut-être dans le cas de toute danse à deux?) le dialogue je le vois comme “à trois”… Bien-sûr le “troisième”, c’est la MUSIQUE. Et c’est dans ce “TRIALOGUE” merveilleux, surprenant, saisissant, que nous voyons naître la danse tanguera, avec la marche, l’improvisation et la créativité.
Ensuite viendront les pas, les figures, les styles et toute la variété infinie que le tango, ou la milonga ou la valse peuvent nous offrir.
Donc voici ce que je crois qu’on devrait enseigner et apprendre dans la première leçon:
° Le dialogue avec l’autre personne. La conviction absolue que tout ce qui arrive dans la danse est l’œuvre et la responsabilité des deux personnes dans le sens que, dans les faits, le couple de danse se construit entre les deux (chacun à partir de son rôle), chacun élaborant ce qui lui correspond et collaborant en tout avec son compagnon ou sa compagne. A l’intérieur de ce dialogue, comme un de ses aspects, se trouve inclus l’abrazo.
° Le dialogue avec la musique. Dans ce dialogue, comme une de ses possibilités, se trouve incluse la marche.
° En définitive, le “trialogue”, la communication profonde entre ces trois éléments fondamentaux (les deux personnes et la musique) avec toute la significativité (sic) incroyable, la profondeur et la complexité de détails que ceci contient. Dans ce trialogue se trouve incluse la marche enlacés et avec la musique.
° Et la compréhension indubitable de ce que tous ces aspects constituent une unité qui, précisément, et comme un fait fondamental, se trouve au cœur de l’essence du tango.
Voilà ce que devrait être, selon moi, la première leçon. Mais… Combien devrait-elle durer? Une heure et demie? Deux heures? Un mois? Peut-être toute la vie.”
Olga Besio
« Lo que a toda persona que quiera bailar el tango debería quedarle bien claro desde el principio (Y a toda persona que quiera enseñar, también).
Muchas veces me han preguntado cómo se debería enseñar a bailar el tango a los principiantes. Y es probable que cada maestro se plantee esta cuestión una y mil veces, según sean los alumnos con quienes deba iniciar este camino en cada oportunidad. Y es también la misteriosa incógnita de aquellos que un día deciden acercarse por primera vez a este baile tan complejo en apariencia, pero cuyos fundamentos son tan simples y a la vez tan cargados de sentido.
La respuesta a esta pregunta apunta, según mi modo de ver, no solamente a los aspectos metodológicos, y menos aún a los “contenidos” meramente formales tales como pasos matemáticos o frías maneras de caminar o girar.
En efecto, ¿qué es esencialmente, profundamente, el tango bailado? Seguramente NO es una sucesión de pasos, figuras, estructuras, movimientos. Algo mucho más profundo sustenta todo eso. Y ese “algo” más profundo no es precisamente “técnico”, sino que se trata de un factor muy anterior, primario y fundamental.
En una enunciación simple, sin pretender asignar un orden cronológico ni jerárquico, podríamos decir que se trata de una relación natural, humana, intuitiva, sensorial, con un “otro” humano y con un “otro” sonoro.
Entonces quizás podríamos decir también que en primer lugar deberíamos elaborar, construir o bien develar la relación de unidad-dualidad con la otra persona –el compañero o compañera de baile-, alguien con quien podemos hacer algo tan sencillo como movernos juntos (que muchas veces resulta tan difícil) o mover juntos un objeto. (Todo esto, sin distinción todavía de los roles de llevar y seguir, que deberían trabajarse ambos simultáneamente para las dos personas, a fin de llegar a una comprensión plena de ambos aspectos – que no son opuestos sino absolutamente complementarios, dado que se necesitan mutuamente).
¿Cómo lograrlo? Permitiendo que mi cuerpo dialogue con el cuerpo de la otra persona, que “le hable de frente”, que lo “escuche”, que fluya una comunicación tan simple y natural como la que fluye en la vida cotidiana cuando hago algo con alguien o cuando hablo con alguien, colocándome frente a esa persona, con todo mi ser “de frente”, y no solamente dos cuerpos… sino dos personas, con alma, sentimientos, emociones… y la humana, divina y animal capacidad de ser-con-otro.
Ah, me olvidaba: ¿y el abrazo? Sí, claro: el brazo en tal posición, la mano a una determinada altura, el ángulo… qué complicado… quizás pueda medirlo con regla, escuadra y compás… Hmmm… ¿Y si simplemente abrazo a la otra persona y hago que me abrace? Un brazo verdadero, humano, cálido, firme y dulce a la vez… Después puedo tomarle la mano o permitirle que tome la mía y… quizás si lo mido ahora, encuentre un “correcto” abrazo de tango!! Amigos, el abrazo de tango es simplemente eso: ¡¡un abrazo!! Y no una mera “posición de brazos”…
Un buen abrazo es algo natural, humano, cómodo y agradable para las dos personas, y permite abordar otros aspectos de nuestro tema: el movimiento, el jugar con el peso de la otra persona y con el propio, el hacer algo juntos como… bailar. Como ya dije el algún otro artículo, bailar es un hecho natural que nace con el ser humano. Todo lo que aquí se plantea, también lo es. Y todo lo que solemos considerar “técnicamente necesario y/o correcto” no es ni más ni menos que una consecuencia de algo que en su origen es absolutamente natural. Bailar es un hecho natural. Entonces, evitemos estereotipos…
Uh, creo que todavía falta algo. El diálogo es, por definición, “de dos”. Pero en el caso del tango (¿quizás en el caso de toda danza que se baile de a dos?), el diálogo se me presenta como “de tres”… Claro, el “tercero” es la MÚSICA. Y en este maravilloso, sorprendente, atrapante “TRIÁLOGO”, es donde vemos nacer el baile tanguero y con él el caminar, la improvisación y la creatividad.
Después vendrán los pasos, las figuras, los estilos y toda la infinita variedad que el tango, o la milonga, o el vals, pueden brindarnos.
Entonces, creo que esto es lo que se debería enseñar y aprender en la primera lección:
* El diálogo con la otra persona. La absoluta seguridad de que todo lo que ocurra en el baile es obra y responsabilidad de ambas personas en el sentido de que, en los hechos, la pareja de baile se construye entre los dos (cada uno desde su rol) elaborando cada uno lo que le corresponde y colaborando en todo con su compañero o compañera. Dentro de este diálogo, como uno de sus aspectos, está incluido el abrazo.
* El diálogo con la música. Dentro de este diálogo, como una de sus posibilidades, está incluido el caminar.
* En definitiva, el “triálogo”, la profunda comunicación entre estos tres elementos fundamentales (las dos personas y la música), con toda la increíble significatividad, profundidad y complejidad de detalles que esto encierra. Dentro de este “triálogo” está incluido el caminar abrazados y según la música.
* Y la comprensión indubitable de que todos estos aspectos constituyen una unidad que anida precisamente, y como un hecho fundamental, en la esencia del tango.
Ésta sería, según mi criterio, la primera lección. Pero… ¿cuánto debería durar? ¿una hora y media? ¿Dos horas? ¿Un mes? Quizás toda la vida ».
Olga Besio.